L’importance des acides gras essentiels dans l’alimentation du bébé
Le saviez-vous ? Le développement du cerveau de votre bébé est loin d’être achevé à sa naissance ! Dans ce développement les acides gras essentiels (AGE)* jouent un rôle majeur. Ils font partie des matières grasses, ils doivent être apportés par l’alimentation.
AVIS D’EXPERT : les oméga 3 et les oméga 6
Il y a 2 familles d’AGE, les oméga 3 (les plus importants pour le développement cérébral) et les oméga 6. Dans chaque famille, on distingue les acides gras précurseurs, réellement essentiels et qui doivent impérativement être présents dans l’alimentation car le corps humain ne sait pas les fabriquer, et les acides gras dérivés supérieurs (les acides gras polyinsaturés à longue chaîne ou AGPI-LC) qui peuvent être fabriqués par l’être humain à partir des précurseurs, mais cette « fabrication » est relativement faible ; en raison de leur importance majeure dans le développement cognitif, nerveux et visuel du bébé, il est bien d’apporter ces AGPI-LC dans les laits infantiles en plus des précurseurs ; d’ailleurs on retrouve à la fois les AGE précurseurs et les AGPI-LC dans le lait maternel.
Outre ce rôle dans le développement cérébral, les AGPI-LC jouent aussi un rôle important dans de nombreuses autres fonctions physiologiques.
Le lait maternel et les laits infantiles : sources privilégiées d’Acides Gras Essentiels
Tant que votre bébé sera allaité ou boira des quantités de lait infantile ** adaptées à son âge, ses besoins en acides gras essentiels seront assurés. En effet, le lait maternel apporte les AGE précurseurs et les AGPI-LC en quantités adéquates pour assurer une couverture optimale des besoins nutritionnels du tout-petit. Les laits infantiles contiennent toujours les deux acides gras essentiels précurseurs pour couvrir les besoins nutritionnels du tout-petit, et sont parfois supplémentés en AGPI-LC.
A noter que dans le lait de vache, on retrouve très peu d’acides gras essentiels omégas 6 et pratiquement pas d’oméga 3 par comparaison au lait maternel et aux laits infantiles.
Dès le début de la diversification alimentaire et jusqu’à l’âge de 3 ans, le lait (lait 2ème âge, puis lait de croissance vers 10/12 mois ou lait maternel), les laitages et les fromages, doivent rester une part importante de l’alimentation de votre enfant, notamment pour leur apport en calcium, mais aussi en macronutriments (lipides, glucides et protéines) et autres micronutriments (vitamines et minéraux).
C’est une période déterminante pour la santé future de votre enfant et l’alimentation joue un très grand rôle. Une étude sur des nourrissons et jeunes enfants en France a pourtant montré que leur environnement alimentaire est très souvent déséquilibré dès le plus jeune âge, avec un excès d’énergie, de protéines mais trop peu de matières grasses et d’AGE (Chouraqui et al., 2019).
Pour ne pas que les apports en acides gras chutent au fur et à mesure que la consommation de lait maternel ou infantile diminue, veillez à ajouter à chaque repas dans les petits plats de votre bébé une petite quantité de matières grasses (1 c. à soupe d’huile végétale ou de temps en temps une noisette de beurre cru ou de la crème fraîche).
AVIS D’EXPERT : en dehors du lait maternel ou infantile, où trouver ces « bonnes matières grasses » ?
- Les AGE précurseurs oméga 3 (AAL) et oméga 6 (AL) ne se trouvent que dans les huiles végétales. Il est important de privilégier les huiles riches en oméga 3, sans excès d’oméga 6, telles que l’huile de colza et de noix. En revanche, les huiles de maïs, d’arachide, de pépins de raisin et de tournesol sont à éviter en raison de leur teneur élevée en oméga 6 et faible en oméga 3. L’huile d’olive contient essentiellement de l’acide oléique, et ses concentrations en oméga 6 et surtout en oméga 3 sont faibles et ne permettent pas de couvrir les besoins en AGE de l’enfant (Briend A, Legrand P, Bocquet A, Comité de nutrition SFP. Arch Pediatr. 2014 Apr;21(4):424-38).
- Les AGPI-LC oméga 3 sont apportés principalement par les poissons gras (saumon, sardine, maquereau, hareng, truite fumée) et dans certaines algues. Les AGPI-LC oméga 6 sont aussi présents dans les poissons, mais aussi en quantités moindres dans la viande et les œufs.
Dois-je donner des matières grasses à mon enfant ?
La majorité des enfants de moins de 3 ans ont des apports en matières grasses nettement insuffisants et déséquilibrés, avec notamment des apports trop faibles en acide alpha-linolénique, en DHA et en ARA.
Or, le besoin en matières grasses est très important pendant les premières années de vie pour apporter à votre enfant toute l’énergie nécessaire à sa bonne croissance et au développement de son système nerveux. Le lait maternel contient d’ailleurs une proportion élevée de matières grasses (et pas seulement des acides gras essentiels) ! Il ne faut donc pas restreindre les matières grasses chez votre enfant et lorsqu’il consommera du lait de vache, favoriser les laits entiers aux laits demi-écrémés.
En pratique : comment s’assurer un apport équilibré en acides gras ?
Dès le début de la diversification alimentaire, et jusqu’à l’âge de 3 ans, vous proposerez à votre bébé des menus équilibrés, en choisissant des aliments variés et adaptés à son âge, en respectant toujours les 3 règles suivantes :
- L’ajout d’une cuillère à soupe de matière grasse végétale non cuite (colza, noix de préférence) ou une noisette de beurre ou de la crème (de temps en temps) à chaque repas dans les préparations maisons et dans les « petits pots » sans matière grasse ajoutée.
- 500ml de lait 2e âge/croissance/lait maternel par jour, en ajoutant progressivement les produits laitiers pour atteindre un équivalent laitier de 500 ml par jour jusqu’à au moins 1 an (800ml au maximum après l’âge d’un an).
- Du poisson, de la viande ou des œufs : 10 g par jour jusqu’à 1 an soit 2 c. à café de viande ou de poisson mixé / jour, 20g entre 1 et 2 ans soit 4 c. à café ou 1/3 d’œuf et 30g entre 2 et 3 ans soit 6 c. à café. Le poisson est conseillé 2 fois par semaine, frais ou surgelé, non pané : 1 fois du poisson maigre (cabillaud, colin, merlan, sole, etc.), et 1 fois du poisson gras (saumon, maquereau, sardine, hareng, truite fumée). Il faut éviter certains poissons apportant potentiellement du PCB (anguille, barbeau, brème, carpe, silure), ou du méthyl-mercure (espadon, marlin, siki, requin et lamproie). La consommation des poissons prédateurs sauvages doit être limitée : lotte (baudroie), loup (bar), bonite, empereur, grenadier, flétan, brochet, dorade, raie, sabre, thon…
A noter : Les besoins nutritionnels d’un adulte et d’un enfant ne sont pas les mêmes. Il a besoin d’une alimentation adaptée et spécifique. Or, aujourd’hui, les enfants consomment trop de protéines et de sel notamment, mais pas assez de matières grasses et d’acides gras essentiels.
C’est pourquoi, tant dans le choix du lait infantile que dans l’élaboration des petits plats de votre enfant, il ne faut pas oublier de limiter l’apport en protéines, et en sel, et d’ajouter des matières grasses, cruciales pour une bonne croissance et un développement optimal de votre bébé.
Abréviations :
AL : acide linoléique
AAL : acide alpha linolénique
ARA : acide arachidonique
EPA : acide eicosapentaénoïque
DHA : acide docosahexaénoïque
* Les acides gras essentiels (AGE) regroupent :
1/ les AGE précurseurs qui sont réellement essentiels (c’est-à-dire que l’être humain ne sait pas les fabriquer et qu’ils doivent être apportés par l’alimentation.
2/ et les dérivés supérieurs, les Acides Gras Poly-Insaturés à Longue Chaine (AGPI-LC) : ARA dans la famille oméga 6, EPA et DHA dans la famille oméga 3
** Tous les laits infantiles sont enrichis en AGE précurseurs, mais seulement 1/3 d’entre eux est enrichi en AGPI-LC. A partir de 2020, la réglementation rendra obligatoire la supplémentation de tous les laits 1er et 2e âge en AGPI-LC oméga 3 (DHA).